Lors des journées scientifiques du Comité national économique et financier (CNEF) consacrées à l’économie numérique, la problématique de la protection des données personnelles au Cameroun a été placée au centre des discussions. Des régulations adaptées sont indispensables pour encourager l’inclusion financière et assurer la sécurité des données dans un environnement numérique en rapide évolution.
Débat sur la Réglementation des Données Personnelles au Cameroun
Le jeudi 7 juin, les journées scientifiques du Comité national économique et financier (CNEF) se sont concentrées sur un enjeu majeur : la configuration et la protection des données personnelles au Cameroun. Lors de ces discussions, il a été souligné l’importance d’une réglementation adaptée pour favoriser l’inclusion financière et garantir la sécurité des données dans un environnement numérique en pleine expansion.
La ministre des Postes et Télécommunications, Minette Libom Li Likeng, a insisté sur la nécessité de promouvoir le développement de technologies innovantes telles que l’intelligence artificielle (IA) et l’Open Banking, tout en assurant une intégration harmonieuse avec les systèmes existants. Elle a également mis en avant l’importance de créer des partenariats stratégiques entre le gouvernement, les institutions internationales, le secteur privé, les institutions financières et les acteurs technologiques. Pour ce faire, une réglementation solide est indispensable, ce qui constitue un défi pour le Cameroun.
Une Réglementation Adaptative pour Soutenir l’Innovation
Minette Libom Li Likeng a également affirmé que la surveillance et la régulation adaptative sont essentielles pour soutenir l’innovation tout en protégeant les utilisateurs et la stabilité du système financier. Elle a exhorté le gouvernement à mettre à jour régulièrement les cadres réglementaires afin de refléter les avancées technologiques et les nouvelles réalités du marché, créant ainsi un environnement sûr et propice à l’innovation.
Cependant, la loi sur la protection des données personnelles, en cours d’élaboration depuis des années, n’a pas encore été votée par l’Assemblée nationale ni promulguée par le Président de la République. Malgré cela, la ministre reste optimiste quant à la résolution de ce problème à travers le Programme d’accélération de la transformation numérique du Cameroun (PATNUC), qui vise à actualiser et harmoniser le cadre législatif et réglementaire du pays.
Renforcer la Régulation Intersectorielle
Un autre aspect crucial abordé est le renforcement de la régulation intersectorielle pour coordonner efficacement les efforts de surveillance et de régulation entre les différents secteurs tels que les finances, les télécommunications et la technologie. Cette approche vise à assurer la cohérence dans l’application des normes de sécurité et de protection des données, renforçant ainsi la confiance dans l’écosystème financier numérique du Cameroun.
Les Données, une Mine d’Or à Protéger
Le ministre des Finances, Louis-Paul Motaze, a rappelé l’importance des données sur la clientèle, les qualifiant de “mine d’or”. Il a cependant souligné les risques associés au partage de ces données, tels que les attaques malveillantes et le piratage des comptes bancaires. Il a également mis en garde contre les comportements spéculatifs encouragés par l’utilisation croissante des technologies innovantes dans le secteur financier.
L’Engagement de la Banque Centrale
La Banque centrale des États de l’Afrique centrale a rassuré les participants en affirmant qu’elle accorde une attention particulière à la protection des données personnelles. Elle veille à ce que les conditions et les dispositions liées à l’infrastructure informatique et à la réglementation soient respectées avant d’accorder les autorisations nécessaires aux opérateurs de téléphonie mobile pour les transferts et paiements mobiles.
Appel à une Législation Urgente
Beaugas Orain Djoyum, directeur général du cabinet de veille stratégique et d’e-réputation ICT Media STRATEGIES, a plaidé pour une accélération du processus de réglementation et la mise en place des institutions appropriées. Il a souligné que les données personnelles sont précieuses et que chaque jour de retard représente une perte potentielle. Il a également mis en garde contre les risques de cyberattaques et l’exposition des données des utilisateurs.

Cet article met en lumière les défis et les perspectives pour le Cameroun dans la protection des données personnelles à l’ère numérique, soulignant l’importance d’une régulation appropriée pour soutenir l’innovation tout en assurant la sécurité des utilisateurs.