Les rebelles du M23, appuyés par le Rwanda selon plusieurs sources, ont pénétré ce lundi, 27 janvier jusqu’au centre de Goma, principale ville de l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Cette intrusion inquiétante marque un tournant dans un conflit de trois ans. Il suscite véritablement la crainte d’une guerre régionale et d’une intensification de la crise humanitaire, déjà considérée comme l’une des pires au monde.
Des tirs ont été entendus dans plusieurs zones stratégiques de la ville, notamment près de l’aéroport, du centre-ville et à la frontière avec le Rwanda. Selon certains dires, la ville est confuse, avec des soldats près de l’aéroport, mais pas de combattants du M23 visibles. D’autres témoins rapportent des affrontements entre milices pro-gouvernementales et combattants du M23, ainsi que des pillages dans les commerces.
Le président de l’Autorité du transport aérien, Tryphon Kin-Kiey Mulumba, assure que l’aéroport reste sous contrôle militaire. Pourtant, Corneille Nangaa, chef de l’Alliance du fleuve Congo, une faction du M23, affirme que ses forces dominent la ville, et que les soldats congolais déposent progressivement les armes.
Des sources onusiennes indiquent que des échanges de tirs ont eu lieu à la frontière entre les troupes congolaises et rwandaises. Selon des experts des Nations-Unies, le Rwanda aurait apporté un soutien militaire consistant au M23, incluant des missiles, des tireurs d’élite et le déploiement de 3.000 à 4.000 soldats.
Par ailleurs, cette offensive, qui a débuté il y a une semaine, a provoqué des déplacements massifs de populations. Des centaines de milliers de personnes ont dû fuir, s’ajoutant aux trois millions déjà déplacées en 2024, selon l’ONU.
Face à cette situation critique, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni en urgence dimanche. Les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ont fermement condamné le rôle du Rwanda. Kigali, de son côté, rejette ces accusations, imputant à Kinshasa la responsabilité de l’escalade et affirmant que les combats près de la frontière représentent une menace sérieuse pour la sécurité rwandaise.
Pour sa part, l’ONU a pris des mesures pour protéger son personnel. Les employés de la mission de paix (Monusco) et leurs familles ont été évacués ce lundi matin vers le Rwanda. Pendant ce temps, des vidéos non vérifiées circulent sur les réseaux sociaux, montrant des scènes de pillage et des combattants lourdement armés marchant dans les banlieues nord de Goma.
Face à tout cela, le président kényan William Ruto, également président de la Communauté de l’Afrique de l’Est, a convoqué une réunion d’urgence des chefs d’État de la région pour tenter de trouver une issue pacifique.
L’évolution rapide de la situation à Goma continue d’être surveillée de près, tandis que les appels à une intervention internationale se multiplient pour prévenir l’éventualité d’une totale déstabilisation de la région.