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L’usage de farines locales: une alternative intéressante au Cameroun face  à l’envolée du prix de la farine de blé

Face à une croisée de chemins imposée par le conflit russo-ukrainien, des mesures palliatives s’imposaient pour échapper à une crise sociale profonde. En effet, les deux pays concernés par la guerre constituaient 50% des importations de blé au Cameroun. 

Très visiblement, le blé a fini par s’inscrire comme une denrée incontournable dans les habitudes de consommation quotidienne dans ce pays comme dans bien d’autres d’ailleurs. La fabrication du pain sous toutes ses formes, gâteaux, beignets et autres pâtisseries en dépend. En 2020, le Cameroun en a importé 860 000 tonnes, dont 300 000 en provenance de la Russie, ce qui constituait 35 % des importations du blé, soit pour 150 milliards de FCFA. Et en 2021, 180 milliards de Francs ont été mis à contribution pour la même cause. Une véritable fuite de capitaux pour un pays en voie de développement !

Seulement, l’importation du blé fait partie des filières affectées par la guerre, entraînant de facto la flambée du coût du blé; le sac de 50 kg qui coûtait jadis 19000 F Cfa, est rendu à 24000 F Cfa. Ainsi, le pain, aliment généralement dérivé de la farine de blé dans le pays et consommé tous les jours dans la majorité des ménages est difficilement accessible à la bourse du camerounais lambda. La baguette de 125 frs qui pesait autrefois 200g est passée à 150 f pour 34g en moins. Mais pas seulement ! Les beignets à base de farine de blé, aussi régulièrement consommés en ont également pâti. Il faut désormais débourser un peu plus pour manger à sa faim, quoique pour certains les moyens s’amenuisent !

Certaines boulangeries ont donc implémenté la fabrication de pain et autres pâtisseries à base de farines locales; soit à base d’une seule farine, soit une composition, en fonction de l’imagination ou du résultat escompté. Et l’issue est positive, l’on obtient de très bons pains, meilleurs et enrichis.

Il existait déjà sur le marché le fameux « pain kumba », à base de patate en provenance du Sud-ouest du pays, variante d’un pain nigérian. Et dire que l’on a été si profondément influencé par la pâtisserie occidentale !

Hormis la patate, des pâtisseries sont également faites à base d’autres tubercules telles que le manioc, les ignames, taro et macabo. Les céréales sont en outre mises à contribution : maïs, mil, sorgho et riz. Mais aussi, des légumineuses : cornille, pois de terre; des fruits : banane, plantain, citrouille, potiron et feuilles légumières : feuilles de baobab, moringa…

Toutes ces alternatives offrent désormais un large éventail de choix et autant de possibilités d’enrichir nos consommations farinières.

Vu sous cet angle, tout semble réglé. Malheureusement non ! La production des cultures qui servent de base à ces farines reste embryonnaire, donc rudimentaire ou faible. Beaucoup d’efforts sont fournis, mais les regards restent tournés vers l’État pour une explosion des productions.

La boulangerie Select qui est un bon exemple d’adaptation dans le Centre du pays, vend un pain de 250g à base de farines locales à 500f et cela s’arrache. Cependant, s’il coûtait moins, beaucoup y trouveraient leur compte. À croire que c’est contradictoire que du pain fait à base de produits locaux revienne plus cher. Même si les boulangeries et  minoteries s’expriment peu sur la question parce qu’elle serait « sensible », une analyse de la question sur le terrain permet de comprendre qu’il faut un véritable soutien des pouvoirs publics, chose d’ailleurs promise.

Dans les zones périphériques et campagnes, les pâtisseries locales sont plus une réalité qu’en métropole. En effet, il faut une véritable politique d’encouragement de la part du Gouvernement pour limiter la fuite de capitaux, en fournissant les intrants nécessaires pour l’éclosion de la minoterie camerounaise et par ricochet celle des boulangeries et l’épanouissement du consommateur.

Tout investisseur averti serait un véritable pionnier de cette grande industrie en herbe !