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Cameroun – Chine : une dette gigantesque

Le Cameroun a emprunté beaucoup d’argent à la Chine pour réaliser diverses constructions, entrainant par là une dépendance. Cette grosse dépendance du Cameroun vis-à-vis des prêts chinois est apparue au début des années 2010, avec le lancement au Cameroun, de grands projets d’infrastructures dits structurants, à partir de 2012. La construction de tous ces barrages hydroélectriques, ponts, routes, port de Kribi… a été financée par la Chine, notamment la banque publique Eximbank China.

Les données publiées en septembre 2018 par le programme SAIS-CARI (Inivitative de recherche Chine-Afrique) montrent qu’entre 2002 et 2017, la Chine a prêté  5568,1 milliards F CFA au Cameroun. Les données indiquent que les emprunts du Cameroun à la Chine jusqu’en 2019 s’élèvent à 4 805,5 milliards  F Cfa, une dette proche du budget 2019 de l’Etat du Cameroun. La dette actuelle s’élève à 3 038 milliards de F Cfa, malgré l’allègement d’une valeur de 41,5 milliards de F Cfa accordé au Cameroun en janvier 2019. En juillet 2019, pour desserrer l’étau des remboursements autour du Cameroun, cette banque chinoise a dû restructurer sa dette par le pays. Selon le ministère camerounais de l’Économie, la banque publique chinoise d’import-export a accepté de rééchelonner 70 % de la somme (intérêts non compris) que devrait lui rembourser le Cameroun sur la période allant de juillet 2019 à mars 2022.

Selon les statistiques publiées par la Banque africaine de développement (BAD), dans son rapport 2021 sur les perspectives économiques de l’Afrique, la Chine détient, à elle seule, 61,3% de la dette bilatérale du Cameroun. Ce chiffre correspond, à 27,4% de la dette totale du pays. Celle-ci se chiffrait à 10 164 milliards de FCFA au 30 septembre 2020 (45,8% du PIB).

Le Cameroun figure parmi les 7 pays africains qui ont cumulé  plus de dette auprès de la Chine au cours de cette décennie. Il partage ce statut avec d’autres Etats africains tels que le Djibouti, l’Angola, la République du Congo, l’Ethiopie, le Kenya et la Zambie, énumère la BAD. Toutefois, l’Angola reste  le principal bénéficiaire des prêts chinois, avec 42,8 milliards de dollars décaissés sur 17 ans.

Selon la CAA, fort de ce lourd endettement vis à vis de la Chine, le Cameroun apparaît sur la liste des pays « actuellement en situation de surendettement ou jugés à haut risque de surendettement », qui sont « fortement exposés aux prêts chinois ».

La Chine et sept pays membres du Club de Paris (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Japon, République de Corée et Suisse), un groupe de créanciers bilatéraux, ont accordé au Cameroun le droit de suspendre le service de sa dette d’un montant de près de 100 milliards, sur la période allant du 1er mai au 31 décembre 2020. En ce moment, le Cameroun négocie d’ailleurs un autre moratoire avec la France. Cette initiative de suspension du service de la dette est cependant assortie de conditionnalités rigides, telles que l’obligation de « divulguer tous les engagements financiers du secteur public » et de « ne contracter aucune nouvelle dette non concessionnelle au cours de la période de suspension », en dehors du cadre défini par le FMI et la Banque mondiale sur les emprunts non concessionnels.

Dans le cadre de l’initiative de suspension du service de la dette prônée par les pays membres du G20, le ministre des Finances (MINFI), Louis Paul MOTAZE, et l’ambassadeur du Japon au Cameroun, OSSAWA TSUTOMU, ont procédé le 23 mars 2020 à Yaoundé, à la signature de l’échange de notes accordant un moratoire d’un an au Cameroun pour le remboursement de sa dette prévu en juin 2020. « À travers la signature de cet échange de notes, le Japon a accordé au Cameroun une suspension du service de la dette à hauteur de 91 506 204 yens, soit environ 460 millions de FCFA que devait rembourser le trésor public camerounais en faveur de la JICA [Agence de coopération japonaise] au titre des prêts concessionnels octroyés par cette institution », a expliqué le MINFI. Le Cameroun va désormais rembourser cet argent en juin 2021. Selon Louis Paul MOTAZE, les membres du G20 ayant accepté de proroger cette initiative de suspension du service de la dette au 30 juin 2021, les documents en cours de préparation devront permettre un moratoire additionnel sur environ 500 millions de FCFA correspondant au service de la dette qui aurait dû être réglée à la JICA au cours du premier semestre de l’année 2021. Cette dette sera maintenant réglée au premier semestre de 2022.  À en croire le MINFI, il s’agit en effet d’une bouffée d’oxygène pour les finances publiques et d’un coup de pouce à une résolution ferme de renforcement du système de santé camerounais, notamment en ce qui concerne les mesures de lutte contre la propagation du COVID-19. Le Cameroun s’est en effet engagé à consacrer les ressources libérées par cette initiative à l’augmentation des dépenses dédiées à atténuer l’impact sanitaire, économique et social de la COVID-19.

L’augmentation des prêts hors Club de Paris aux échéances plus courtes que les prêts multilatéraux concessionnels à long terme provoqueront une concentration de dettes souveraines arrivant à échéance en 2024 et 2025. Cette accumulation de dettes arrivera à échéance juste au moment où les pays devraient surmonter les récessions causées par la pandémie de COVID-19, et augmentera les risques de surendettement. Les pays touchés devraient entamer des négociations sur la résolution et la restructuration de la dette avant que les risques se concrétisent. Dans certains pays, la mauvaise gouvernance et la faiblesse des capacités institutionnelles sont aussi responsables de la récente augmentation de la dette. Certains pays avaient aussi une « dette cachée », à savoir des obligations absentes des comptes publics. Par exemple au Mozambique, au Cameroun et au Tchad où la découverte de « dettes cachées » a engendré une augmentation soudaine du fardeau de la dette. Les problèmes de gouvernance économique, la corruption et la mauvaise gestion ont été identifiés comme à l’origine des épisodes de surendettement récemment enregistrés en Gambie, en République démocratique du Congo et en République du Congo. De plus, la mauvaise gestion des entreprises publiques a contribué à la récente accumulation de la dette.