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L’autopsie de la dette du Cameroun

L’évolution de la société, fait augmenter les besoins d’un Etat chaque jour. Pour mettre en œuvre ses besoins, L’Etat cherche du financement qui se manifeste le plus souvent sous forme de dette. L’Etat contracte des dettes pour réaliser des grands projets afin de s’arrimer à l’évolution sociale. Puisqu’il n’y a pas de développement standard, on tend toujours à trouver le meilleur. Cette dette peut être bien ou mal gérée. Mais sa mauvaise gestion entraine le surendettement.  

Le 28 août 1985, le Gouvernement de la République du Cameroun s’est doté d’une structure de gestion de l’ensemble des fonds d’emprunts publics de l’État et de ses démembrements, des organismes publics et parapublics, des collectivités locales, dénommée la Caisse Autonome d’Amortissement (CAA) du Cameroun. Le 30 décembre 1994, la fonction de dépositaire centrale lui a été confiée. Le 04 août 2008  la CAA s’est vue confier le Secrétariat Permanent du Comité National de la Dette Publique (CNDP).

Pour prendre les faits à partir de 2018, il convient de noter que dans la zone CEMAC, malgré la reprise des cours du pétrole, la croissance est estimée à 0,9% en 2017 et projetée à 2,6% en 2018, principalement tirée par la République du Congo et le Cameroun. Au plan national, le règlement du service de la dette publique au cours du premier trimestre 2018 est estimé à 180,1 milliards de FCFA, soit une baisse de 34% en glissement trimestriel et une hausse de 52% en glissement annuel. Il est constitué de 56,4% du service de la dette extérieure contre 43,6% de celui de la dette intérieure. Le service effectif de la dette publique du Cameroun pour le mois de mai 2019 s’élève à 24,3 milliards de FCFA, soit 13,3 milliards pour le remboursement du principal et 11 milliards pour les intérêts. Ce qui porte le cumul du service de la dette publique totale au titre des cinq premiers mois de l’année 2019 à 275,6 milliards de FCFA. La dette extérieure représente 95,6% du service de la dette publique tandis que  la dette intérieure représente 4,4% du service. En termes d’évolution, ce service est en baisse de -77% comparé au mois d’avril 2019, contre une augmentation de 20,5% comparé au mois de mai 2018. L’évolution mensuelle dudit service est présentée en grandes rubriques dans un tableau. En mai 2020, l’Etat a réglé un montant de 21,6 milliards de FCFA au titre du service de la dette publique (hors remboursements des Bons de Trésor Assimilables à court terme). Ce qui porte le cumul dudit service à 218,7 milliards de FCFA, dont 175,5 milliards de FCFA versés aux créanciers extérieurs.

Port Autonome de Kribi – Caneroun

Pour ce qui est des soldes engagées non décaissés (SENDs), le stock de SENDs à la fin du premier trimestre 2018 se situe à 4 657 milliards de FCFA, soit environ 22,8% du PIB. Il est reparti en SENDs extérieurs de 4 487 milliards de FCFA, dont 213 milliards de FCFA d’appuis budgétaires liés au Programme économique et financier PEF et 170 milliards de FCFA de SENDs intérieurs. En vue de réduire substantiellement ce stock, de nombreuses réflexions sont en cours au sein des administrations compétentes réunies autour du CNDP, pour déceler les causes véritables de l’accumulation de ces ressources oisives et apporter le cas échéant des solutions définitives. Evalués au 31 mai 2019, les SENDs globaux sont estimés à environ 4 044,8 milliards de FCFA, dont 3 944,8 milliards de FCFA des SENDs extérieurs et de 100 milliards de FCFA de SENDs intérieurs. Ces SENDs sont en augmentation de 2,5% par rapport au stock à fin avril 2019. Pour ce qui est de la dette extérieure, les SENDs (hors appuis budgétaires) au 31 mai 2019 sont évalués à 3 810,8 milliards de FCFA, et représentent 94,2% des SEND’S globaux. En termes de répartition, les SENDs liés aux prêts multilatéraux évalués à 1 866,3 milliards de FCFA, soit 47,3% des SENDs globaux sont principalement contractés auprès de la BID pour 401,9 milliards de FCFA, et de la Banque mondiale pour 475,5 milliards de FCFA. Sur les partenaires bilatéraux, les SENDs estimés à 1 458,5 milliards de FCFA, soit 37% sont principalement tirés par la Chine à hauteur de 1 106,9 milliards de FCFA et la France pour 147,2 milliards de FCFA. Quant aux SENDs des créanciers commerciaux, ils portent sur 620,1 milliards de FCFA, soit 15,7% et sont principalement détenus par la banque commerciale chinoise ICBC pour 177 milliards de FCFA, la banque italienne Intessa San Paolo à hauteur de 123,9 milliards de FCFA pour l’Italie, et la Société Générale pour 122,9. Ces SENDs pourront être totalement décaissés d’ici 2024.

Au premier trimestre 2018, les décaissements effectifs enregistrés portent sur un montant global de 257,7 milliards de FCFA, soit 212,7 milliards de FCFA tirés auprès des créanciers extérieurs (dont 118 milliards d’appuis budgétaires) et 45 milliards de FCFA tirés sur emprunts intérieurs issus uniquement de l’émission des Bons de Trésor Assimilables. Par ailleurs, sur un plafond d’endettement extérieur fixé pour l’exercice en cours à 586 milliards de FCFA, dont 436 milliards de FCFA non concessionnels, six (06) conventions de financement ont été signées au 31 mars 2018 pour un total de 245,3 milliards de FCFA (exclusivement non concessionnels), d’où un taux d’exécution de ce plafond estimé à 59%.

Ministere des finances – Cameroun

Au 31 mars 2018, l’encours de la dette publique et à garantie publique du Cameroun est évalué à près de 6 348 milliards de FCFA (31,1% du PIB) contre 6 255 milliards de FCFA (30,8% du PIB) au dernier trimestre de l’année 2017, soit une augmentation de 1,5%. En glissement annuel, cet encours a crû de 942 milliards de FCFA, en raison de nombreux décaissements effectifs au rang desquels les décaissements liés aux appuis budgétaires obtenus dans le cadre du PEF en cours, ainsi que ceux de nombreux projets d’infrastructures pour le compte du PLANUT (Plan d’urgence Triennal) et de l’organisation de la CAN attendue par le Cameroun en 2019. Les avances statutaires de la BEAC se sont également vues consolidées en une dette de 14 ans de maturité d’un montant de 577 milliards de FCFA, soit une augmentation d’environ 310 milliards du montant initial au 31 décembre 2018. En termes de composition, cet encours est constitué de 4 738 milliards de FCFA de dette extérieure représentant 23,2% du PIB et 1 559 milliards de FCFA de dette intérieure correspondant à 7,6% du PIB. Au 31 mai 2020, l’encours de la dette publique est estimé à 9 073 milliards de FCFA et représente 39,5% du PIB. Il est composé de 99,6% de dette publique directe y compris les Restes à Payer de plus de trois mois estimés à 296 milliards de FCFA.

Les ressources d’emprunts mobilisées au cours des cinq premiers mois de 2020 ont porté sur 714 milliards de FCFA, dont 143 milliards de FCFA décaissés en mai 2020, principalement constitués des titres publics émis sur le marché domestique, soit 133 milliards de FCFA.

Suivant la méthodologie du Cadre de viabilité de la Dette définie par les institutions de Brettons Woods et tenant compte des hypothèses qui sous-tendent l’évolution du cadre macroéconomique actuel, l’analyse de viabilité de la dette (AVD) au 31 décembre 2017, révèle que la dette du Cameroun demeure viable, avec un risque de surendettement modéré. Il est toutefois prescrit un ajustement à très court terme des recettes d’exploitations, faute de quoi ce risque pourrait passer de « modéré » à « élevé » face au moindre choc sur les recettes d’exportations. Le point positif est que, depuis 2010, les échéances de plusieurs marchés de la dette en monnaie locale se sont allongées de 1,75 an à 2,5 ans. Pour prendre l’exemple du Ghana, du Kenya et de la Tanzanie, qui ont émis des obligations en monnaie locale à des échéances supérieures à 15 ans, et le Nigéria a émis une première obligation en nairas à 30 ans en avril 2019.