Au Cameroun, le marché des cosmétiques représente une filière clé, contribuant annuellement à hauteur de 200 milliards de FCFA à l’économie nationale et employant plus de 15 000 personnes, selon l’Association nationale des promoteurs de produits culturels (Anaproc).
En effet, l’industrie cosmétique africaine connaît une expansion fulgurante, portée par une population jeune, un pouvoir d’achat croissant et une forte demande pour des produits adaptés aux spécificités locales. Cependant, malgré un potentiel immense, le Cameroun fait face à un déficit commercial, car la balance entre importations et exportations reste largement déséquilibrée.
Le marché des produits cosmétiques au Cameroun est alimenté par plusieurs facteurs :
- Une population jeune et urbaine : Une grande partie de la population camerounaise, avec une moyenne d’âge de 20 ans, consomme activement des cosmétiques.
- L’essor du e-commerce et des influenceurs : de nombreuses marques locales et internationales profitent de la digitalisation pour toucher un public plus large via les réseaux sociaux et les plateformes de vente en ligne.
- Une demande grandissante pour les produits naturels : les consommateurs sont de plus en plus soucieux de la qualité des produits qu’ils utilisent, ce qui favorise l’émergence de marques locales axées sur les matières premières africaines comme le beurre de karité, l’huile de baobab, l’hibiscus et bien d’autres encore.
Hélas, malgré cette dynamique positive, le Cameroun reste fortement dépendant des importations de produits cosmétiques, qui ont atteint 11 872 tonnes pour une valeur de 33,5 milliards de FCFA en 2023. En comparaison, les exportations restent faibles, bien qu’en progression, avec 1 459,4 tonnes exportées, générant 2,7 milliards de FCFA.
Cette balance commerciale déficitaire, évaluée à plus de 30 milliards de FCFA, illustre la forte consommation de produits étrangers, notamment des grandes marques européennes et asiatiques. Si les recettes d’exportations ont progressé de 5,1 % entre 2022 et 2023, elles restent largement insuffisantes pour inverser la tendance.
Pour combler ce déficit et renforcer l’autonomie du secteur cosmétique camerounais, plusieurs pistes sont envisageables :
- Encourager l’industrie locale : le développement d’unités de fabrication au Cameroun permettrait de limiter la dépendance aux importations et de créer des emplois supplémentaires.
- Valoriser les ressources naturelles locales : le pays regorge de matières premières exploitées à l’international mais sous-exploitées sur place. Des initiatives favorisant la transformation locale de ces produits peuvent dynamiser l’économie.
- Renforcer la réglementation : lutter contre la prolifération de produits contrefaits et de cosmétiques éclaircissants nocifs est indispensable pour assainir le marché et favoriser les acteurs locaux respectueux des normes de qualité.
- Saisir les opportunités de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) : cette initiative pourrait faciliter l’exportation des cosmétiques camerounais vers d’autres marchés africains, créant ainsi de nouveaux débouchés.
On pourrait dire en somme que, l’industrie cosmétique au Cameroun est un secteur stratégique à fort potentiel, tant en termes de croissance économique que de création d’emplois. Toutefois, le véritable défi reste la réduction de la dépendance aux importations, qui grève la balance commerciale du pays. L’émergence d’acteurs locaux innovants et la mise en place de politiques favorisant la production nationale pourraient transformer cette filière en un moteur de croissance durable pour l’économie camerounaise et africaine. Heureusement, de nombreux processus d’initiative personnelle sont progressivement mis en marche afin d’atteindre cela !