Le 9 septembre 2025 restera une date historique pour l’Éthiopie et, plus largement, pour le continent africain. Après quatorze années de travaux titanesques et près de 5 milliards de dollars investis, Addis-Abeba a inauguré le Grand Barrage de la Renaissance dans la région de Benishangul-Gumuz, aux confins du Nil Bleu. Avec une puissance installée de 5 150 MW, l’ouvrage s’impose désormais comme le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique et l’un des plus emblématiques du monde.
Une prouesse technique et stratégique
Long de 1,8 km de béton, le barrage contrôle à lui seul un réservoir gigantesque de 74 milliards de m³ d’eau. Une capacité colossale dans une région où plus de 85% des eaux du Nil prennent leur source. Pour l’Égypte, qui dépend à 90% de ce fleuve pour ses besoins vitaux, cette mise en service marque un bouleversement géopolitique. Pour l’Éthiopie, elle symbolise une conquête d’indépendance et une affirmation de souveraineté.
L’indépendance énergétique comme levier de puissance
Jusqu’ici importateur net d’énergie, le pays accède désormais à l’autonomie énergétique totale, tout en disposant d’un potentiel d’exportation inédit. Selon les projections officielles, le barrage pourrait générer 1 milliard de dollars de revenus annuels issus de la vente d’électricité aux pays voisins, de l’Afrique de l’Est jusqu’à la Corne. Cette manne devrait permettre à Addis-Abeba de doubler son PIB énergétique en un seul bond, renforçant ainsi sa position d’acteur majeur dans l’intégration économique régionale.
Une nouvelle centralité africaine
Au-delà de l’énergie, le Grand Barrage de la Renaissance confère à l’Éthiopie un poids diplomatique et économique sans précédent. Située au cœur de l’Union africaine et siège de nombreuses institutions panafricaines, Addis-Abeba se dote désormais d’un outil stratégique qui la place sur la carte mondiale des puissances hydrauliques. Dans un contexte où la transition énergétique et la sécurité de l’eau sont devenues des enjeux géopolitiques, ce projet illustre le potentiel africain à combiner développement, résilience et influence internationale.
Perspectives pour l’Afrique et le monde
Avec ce barrage, l’Éthiopie ne se contente pas de transformer son avenir. Elle envoie un signal au reste du continent : l’Afrique peut concevoir et mener à bien des projets d’infrastructure de classe mondiale, malgré les défis financiers et géopolitiques. Pour les partenaires économiques, investisseurs et institutions multilatérales, ce chantier ouvre la voie à de nouvelles perspectives de coopération dans les secteurs de l’énergie, de l’eau et de l’industrie.
Le Grand Barrage de la Renaissance est plus qu’un ouvrage hydroélectrique : c’est un symbole d’émancipation, un atout économique durable et une arme diplomatique dans un monde où l’eau et l’énergie s’imposent comme des leviers de puissance.