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L’usage d’une autre monnaie en Afrique Centrale: utopie ou réalité ?

Cette question a réuni des experts financiers à Libreville autour d’un colloque tenu les 17 et 18 novembre 2022, axé sur la problématique relative à la monnaie et le développement de l’Afrique Centrale. L’objectif étant d’explorer et de proposer aux chefs d’États de la Cemac les conditions probables pour une nouvelle coopération monétaire avec la France.

Ce colloque rassemblait les praticiens économiques et enseignants d’universités pour un véritable brainstorming.

Dieudonné Mignamissi, agrégé en sciences économiques a évoqué le bilan peu glorieux du F Cfa (Franc des Colonies Françaises d’Afrique), six décennies après les indépendances respectives. « On n’a pas vu les échanges s’intensifier, on n’a pas vu les investissements entre les pays s’intensifier, on n’a pas vu les institutions gagner en qualité. Donc, globalement, à part la stabilité macroéconomique, le tableau qui ressort de ce bilan est négatif » dit-il.

Quant au Président du Gicam (Groupement interpatronal du Cameroun) Célestin Tawamba, cette rencontre était l’occasion de débattre du problème du F Cfa qui est in fine un frein au développement de l’économie. Car, dit-il, « la structuration du F Cfa, même si elle a un certain nombre d’avantages, affiche également beaucoup d’inconvénients. Et au-delà de ces inconvénients qu’on peut estimer liés à l’accord de coopération monétaire, il y a aussi et surtout, les problèmes liés à la gouvernance de cette monnaie ».

Cette rencontre fait suite à la session extraordinaire de la Conférence des chefs d’États de la zone datant du 22 novembre 2019, à l’issue de laquelle la Cemac et la Beac ont été mandatées afin d’explorer la question.

Ainsi, la balance pèse lourdement du côté de ceux qui pensent qu’il faudrait s’affranchir de cette devise. Cependant, d’autres pensent qu’il faut envisager de profondes réformes des principaux mécanismes de fonctionnement de l’espace monétaire.

La question de la faisabilité se pose cependant. C’est la raison pour laquelle la ministre gabonaise de l’Économie Nicole Jeanine Roboty Mbou préconise précision et réalisme quant aux mécanismes opérationnels et institutionnels à mettre sur pied, ceux-là qui conduiront à une réelle évolution de la monnaie d’Afrique Centrale.

Et selon le Président de la Commission de la Cemac Daniel Ona Ondo, cela se résume à : « la garantie de convertibilité illimitée par la France de la monnaie émise par la Beac, le franc CFA, la fixité du taux de change, la liberté de transfert entre pays membres de la BEAC et la France et la centralisation des réserves auprès d’un compte d’opérations ouvert au Trésor français ».

Les multiples propositions du brainstorming sont désormais soumises à la décision des chefs d’États de la zone.

Source: investiraucameroun