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CBC: Entretien avec Clement Kemayou

Il est extrêmement difficile de parler des succès de la Commercial Bank Cameroun (CBC) sans n’en évoquer ses manageurs. Monsieur Clément Kemayou en est un, un véritable reflet d’un fin professionnel de la banque et de la finance dont le dévouement et l’engagement au succès n’ont pas de frontières. Partout où il est passé, l’actuel Directeur Régional de la CBC pour le Littoral et le Sud-Ouest a laissé au fil des ans des marques indélébiles de professionnalisme et d’humilité, se plaçant comme l’un des meilleurs banquiers.

Après sa formation académique, le natif de Kékem et originaire du village Baloumgou dans la Région de l’Ouest Cameroun, entamait son incroyable parcours professionnel en 1982 à la SGBC à Nkongsamba comme un simple agent, puis sa montée fulgurante en grade du fait de sa manipulation avec aisance de la comptabilité, des opérations bancaires et des outils informatiques lui permettait d’automatiser le remboursement des prêts, chose qui auparavant se faisait manuellement au moyen des billets à Ordre. Seul le Siège et les agences situées dans la ville de Douala connaissaient à l’époque le bonheur des traitements automatisés des prêts. Fort de cette percée informatique, ce jeune cadre en puissance fut très vite rappelé à la Direction Générale en 1987, une première dans l’histoire de cette banque où un agent recruté en province se voyait ainsi muté au Siège sur décision de la Direction générale ! Cette mutation avait pour but le partage d’expérience et les bonnes pratiques notamment avec quelqu’un qui alliait avec brio les opérations bancaires et la pratique informatique. Cette pluridisciplinarité allégeait substantiellement les travaux de base arrière tels que le suivi des suspens en comptes d’ordre, les rapprochements bancaires ainsi que les comptes de liaison.

Après la création à la Direction des Services Centraux Organiques d’un service volant d’Assistance Comptables aux Guichets, monsieur Kemayou a, pendant 2 années, apporté son assistance et assurer la formation des Comptables ainsi que leurs Correspondants en agence. Il fut au terme de cette mission projeté en 1992 à la Direction de l’Audit et de Contrôle de Gestion où il est tout à tour nommé Contrôleur, Auditeur Junior puis Inspecteur Principal. Après 3 années de pratique, il est porté au grade d’Inspecteur Chef de Mission, responsabilité qu’il occupera jusqu’à sa sortie de cette Direction pour être orienté à l’exploitation où lui fut confié la destinée de l’agence de Douala Bali, la troisième du réseau Société Générale en terme d’importance après le Siège et l’Agence de Yaoundé. Les faits d’arme en dehors de l’exploitation stricto sensu fut de ramener les reporting de 60 à 20 jours, ceci non avoir bousculé les habitudes et les processus, ceci au grand bonheur de la maitrise accrue des risques opérationnels. Il faut préciser qu’à la Direction de l’Audit Interne et du Contrôle de Gestion, monsieur Kemayou Clément avait non seulement réaliser plusieurs missions d’importance aussi bien d’efficacité, de conformité que de conseil. Il avait aussi par ailleurs fortement contribué à la conception et à la mise en oeuvre de la Surveillance Permanente, le système de contrôle de 1er niveau de la Société Générale, avec à la clé, un logiciel dédié à la gestion de l’ensemble, outil personnellement conçu et développé sous le langage VBA par ce cadre, une contribution fortement appréciée par la branche BHFM, la Direction métropolitaine chargé de la zone Afrique à la Société Générale à Paris. Monsieur Clément Kemayou a tour à tour été membre de l’équipe de supervision de la migration du système informatique de la banque qui passait par « BIG BANG » d’IBM RISC6000 vers le Pack progiciel DELTA BANK, opération déroulée avec succès après plusieurs mois d’intenses travaux. Egalement, il fut membre de l’équipe «Info 2000» auprès de la Direction Générale, équipe dédiée chargée de réfléchir et d’élaborer des plans d’action en vue du passage à l’an 2000.

Le plus long séjour professionnel de ce cadre débutera précisément en 2000 lorsqu’il quitte la Société Générale pour intégrer le groupe Commercial Bank où fort de son expérience, il est muté au Tchad aussitôt recruté, pour assurer la Direction de l’Audit Interne de cette filiale, Direction qu’il créera ex nihilo et y passera 11 années de service. En dehors de l’organisation et la mise en oeuvre du système du Contrôle Interne de la banque, il va entre autre concevoir et mettre en oeuvre des outils informatiques non seulement de gestion des Ressources Humaines, de l’économat mais aussi du pilotage d’un Service d’audit en particulier et du dispositif de contrôle interne en général (Le logiciel de pilotage de l’audit permettait d’automatiser la génération des Feuilles de Révélation d’Analyse des Problèmes (FRAP), des rapports détaillés des missions, du suivi des recommandations formulées aussi bien par les missions d’Audit Interne qu’Externe, l’élaboration de la programmation annuelle des missions d’Audit interne, la génération des papiers de travail, autrement dit des fiches servant à la conduite des missions, etc.).

Pendant 11 ans en tant que Directeur de l’Audit Interne, le banquier et expert financier toujours engagé et assidu aura entre autre fait adopter par le Conseil d’Administration, la toute première charte non seulement de l’Audit interne, mais aussi celle de la Gouvernance au sein de l’Organe Délibérant. Au terme de ce long séjour au Tchad, celui-ci retournera en 2011 à son Cameroun natal où après un bref passage d’une année à la Direction des Ressources Humaines de la CBC, où il va informatiser la gestion des dossiers du personnel, il sera muté comme Sous-directeur chargé des PME/PMI, des Institutionnels et des établissements de Micro Finance, poste qu’il occupera pendant un an avant d’être porté à la supervision des Régions du Littoral et du Sud-Ouest comme Directeur. Monsieur Kemayou a, à sa manière contribué significativement au succès de la CBC et ce, malgré un passage difficile de la banque par l’Administration Provisoire et ce pendant 7 années. La banque, depuis la restauration de son équilibre financier en 2016, réalise des résultats élogieux donc 1.551 millions en 2017 ; 2.130 millions en 2018 et 2.521 millions en 2019. Elle s’engage de nos jours à porter au cours des mois qui vont suivre, son capital social actuel de XAF 12 milliards à XAF 16,5 milliards, une révélation de la réussite de la banque avec le concours fort marqué et apprécié de l’État du Cameroun.

Clement Kemayou

Vous êtes Directeur régional de la CBC chargé des Régions du Littoral et du Sud-Ouest. Que pouvez-vous dire de votre Région ?

En tant qu’institution, la Régions du Littoral et du Sud-Ouest de son acronyme DRLSO c’est globalement 6 principales agences bancaires dont Bonanjo, Akwa-Mbopi, Akwa-Centre (à la place des portiques), Bonabéri, Makepe, Kribi et deux points de vente donc le guichet de Deido et celui du Grand Mall (en cours d’ouverture). C’est une soixantaine de collaborateurs et sur le plan de l’exploitation, c’est plus de 16 000 comptes cumulant XAF 78 milliards de dépôts et XAF 27 milliards en emplois, communément appelé crédit, soit un coefficient d’exploitation de 289 % .

Vous comprenez que gérer une telle machine n’est guère une sinécure. Fort heureusement, j’ai des collaborateurs fantastiques, tous voués à la tache où chacun sait exactement ce qu’il a à faire. Par analogie à un orchestre musical, chaque membre du personnel sait quelle partition jouer pour permettre au chef d’orchestre que je suis, de mettre l’ensemble en musique, ceci pour le grand bien de nos clients et de la Direction Générale qui se voit ainsi accompagné de fort belle manière dans sa quête à l’atteinte de ses objectifs et ce, sous le respect des lois et règlements.

▪ Quels sont les défis que vous rencontrez et devez les relever en ce moment?

Vous savez, nous vivons dans un environnement trouble à plusieurs égards. Il y a quelques années, l’économie mondiale était caractérisée par la chute brutale des cours des matières premières, la principale source de revenus en devises étrangères de nombreux pays, notamment ceux en voie de développement dont nous-mêmes le Cameroun. Cette situation déjà bien difficile venait se greffer a plusieurs autres crises, notamment sur le plan sécuritaire avec plusieurs foyers de tensions dont la pirate maritime dans le Golfe de Guinée, les incursions rebelles à l’Est du Pays, les kidnapping des citoyens dans la Région de l’Adamaoua, la guerre contre BOKO HARAM dans les Régions du Nord et de l’extrême Nord et enfin la guerre dans ce que nous appelons trivialement le NOSO. Vous comprenez que tous ces foyers de tension ne sont guère propices aux affaires à plus d’un titre. D’abord ils saignent à blanc la trésorerie de l’Etat pourtant un acteur majeur de la vie économique. Ensuite, les opérateurs économiques au rang desquels les banques ne peuvent travailler dans un environnement dominé par l’insécurité. L’autre défis qui caractérise l’actualité mondial de l’heure est la crise sanitaire du COVID-19 qui non seulement a occasionné de nombreuse pertes en vie humaine et entrainé la fermeture des frontières de la quasi-totalité des pays, imposant au monde entier une sorte de vie en autarcie pendant des périodes considérables. Je vous passe des détails concernant les nombreuses autres conséquences de ce fléau mondial dont on n’a pas fini d’en évaluer les effets.

CBC – Direction Générale, Bonanjo_Douala_Cameroun

Vous avez quitté la SGBC pour la CBC. Qu’est-ce qui vous a attiré vers la CBC ?

La Société Générale, anciennement de Banques au Cameroun est une très grande institution bancaire du pays appartenant au groupe mondial de la Société Générale où j’ai eu le privilège et l’honneur de passer par son école à mes débuts. J’y ai été recruté un certain 9 décembre 1982 et y a passé 17 années de vie professionnelle. J’y ai acquis de solides formations dans le domaine bancaire, ce dont je suis fière et suis infiniment reconnaissant envers cette institution. Il se trouve toutefois que vers la fin de l’année 2000, j’ai pensé qu’il était temps pour moi de découvrir d’autres horizons, souhaitant intégrer une banque tout aussi jeune que je l’étais à l’époque, afin que nous fassions chemin ensemble. J’avais donc le choix d’intégrer AFRILAND FIRST BANK ou alors la COMMERCIAL BANK-CAMEROUN, deux banques locales qui avaient de grosses ambitions de développement et de conquête de part de marché. Or, j’avais à mes trousses depuis deux années d’affilées un chasseur de tête qui n’avait de cesse de m’offrir une intégration à la filiale de la République Centrafricaine de la CBC, chose que j’avais toujours décliné jusqu’à ce qu’un matin du juillet 2000, alors que j’étais en congé sabbatique, ce dernier me faisait la proposition d’intégrer la CBC au Cameroun car le Directeur d’Agence de Bonanjo venait de démissionner.

C’est ainsi que lui ayant remis mon dossier, je fus très vite convoqué à l’entretien d’embauche au cours duquel les membres du jury donc l’Inspecteur Général du Groupe fut très intéressé par mon parcours d’auditeur alors que dans le même temps, le Directeur Général de la banque était pour sa part intéressé par mon cheminement à l’exploitation, notamment mon passage par la Direction de l’agence SGBC de Douala-Bali, la troisième agence du réseau en terme d’importance, rappelons-le. Au terme de cet entretien, commençaient alors des négociations en coulisse, l’Inspecteur Général me proposant un poste à l’expatriation avec plus d’avantages que ce dont j’aurai aspiré en prenant la Direction d’Agence de Douala-Bonanjo.

Voilà comment j’ai dû me retrouver dans le Groupe Commercial Bank où je fus envoyé au Tchad pour y mettre sur pied l’Audit Interne et ainsi répondre à une injonction formulée par la COBAC vis-à-vis de cette filiale dépourvue d’un système de contrôle interne en adéquation avec ses prescriptions en la matière.

Votre banque la CBC a réalisé un gain de 2,5 milliards de FCFA en 2019, et prévoit de porter le capital de 12 à 16 milliards de FCFA. Qu’est-ce qui explique ce succès ?

Vous savez qu’au sortir de l’administration provisoire en 2016, la banque s’est dotée de nouveaux dirigeants qui ont vite pris la mesure de la charge de travail et des nombreux défis qui étaient les leurs. Sachant que le capital humain est la dorsale de toute réussite en entreprise, la Direction Générale, sous l’impulsion du Conseil d’Administration, a fait corps avec l’ensemble du personnel pour engager de vastes et profondes réformes afin d’arrimer la banque à un secteur en pleine révolution, dominé par une concurrence toujours plus accrue. Après l’adoption de son plan stratégique triennal récemment renouvelé, la banque s’est lancée dans un vaste programme de transformation :

▪ Notre réseau d’agences s’est enrichi de trois points de vente dont celle de Ngong à Garoua, Maképé à Douala puis à Kribi, affirmant ainsi la politique de proximité qui faisait désormais partie de la politique de la banque.

▪ De gros investissements ont également été entrepris, entre autre pour réhabiliter la plate-forme informatique et entamer la transformation digitale de la banque.

Pour ne pas être long, je dirai simplement que tout cet ensemble a non seulement permis à la banque de mieux répondre aux attentes de la clientèle, mais aussi améliorer ses performances financières tout en maitrisant les risques.

Les chiffres que vous évoquez sont la résultante de tous ces efforts engagés par la Direction Générale de concert d’avec l’ensemble du personnel.

CBC _ Agence de Kekem

Dans quelle mesure l’administration provisoire et la restructuration ont-elles été utiles au succès de la CBC ?

Une banque est mise sous administration provisoire lorsque l’organe de supervision bancaire qu’est la COBAC constate des insuffisances criardes, voire des dérives dans l’exploitation de nature à remettre en cause la poursuite de l’activité. C’est une mesure de sauvegarde autrement qualifiée de provisoires et de conservatoire, le temps de permettre à un administrateur provisoire désigné d’abord de faire un état des lieux et de soumettre à validation de son mandant la COBAC, un plan crédible de redressement. Une fois ce plan validé, celui-ci a le devoir dans un espace de temps défini, de faire mettre en oeuvre ledit plan de restructuration.

L’administration provisoire de la CBC a mis particulièrement long (7 années), situation au terme duquel les grands équilibres financiers de la banque ont été restaurés. Celle-ci n’a guère débouché sur un plan social mais il a eu le mérite de faire prendre conscience par chacun des membres du personnel de l’importance de son outil de travail qu’est la banque. Les employés ont travaillé très dur, parfois dans des conditions inhumaines pour non seulement préserver ce précieux outil travail mais aussi faire en sorte qu’il ne subisse pas trop le contrecoup de l’administration provisoire par la perte massive des clients.

Vous savez, le sage disait, « le succès rend arrogant alors que l’échec est formateur » et j’ajouterai, notamment pour celui qui sait tirer les leçons de son échec. Nous avons beaucoup appris des échecs qui ont conduit la banque sous administration provisoire.

Vous avez passé 11 ans au Tchad, quelles expériences y avez-vous tiré ?

Je suis parti en expatriation au Tchad 2000 et suis rentré au pays en 2011 alors que, quand j’y arrivais, ne n’étais pas certain d’y boucler le mois. J’y ai rencontré des collaborateurs sympathiques ayant une hospitalité légendaire. Ce fut une expérience exaltante tant sur le plan personnel que professionnel. Affronter et vivre en parfaite harmonie avec des personnes de culture et de moeurs totalement différents est toujours quelque chose de très exaltante et enrichissante.

Sur le plan professionnel, créer de toute pièce une Direction de l’Audit Interne dans une boite où la culture de contrôle était peu développée, rédiger et faire appliquer l’essentiel des procédures notamment ceux du front office de la banque, concevoir, faire approuver par l’exécutif, valider par l’organe délibérant et mettre en oeuvre un système de Contrôle de 1er niveau, instaurer une certaine culture d’entreprise dans un environnement où les habitudes étaient naguère dominées par le comportement des fonctionnaires et des agents publics, autrement dit faire changer des habitudes longtemps enracinées dans les meurs n’a jamais été une tâche facile ! Ce sont là autant de défis auxquels j’ai dû faire face pendant mon séjour au Tchad, chose que je pense avoir exécuté avec brio, à en juger par le retour que j’ai pu avoir des collègues et des connaissances. Savez-vous qu’à l’exception de la société Générale au Tchad, la quasi-totalité des Directeurs de l’Audit des banques de la place étaient mes anciens collaborateurs à qui j’ai assuré la formation, inculqué les valeurs de travail et la rigueur professionnelle ? L’un d’entre eux a même été le Conseiller de l’un des Premiers Ministres du Tchad.

En fin de compte, je pense que c’est au Tchad que j’ai passé la meilleure partie de ma carrière professionnelle tant le séjour était riche d’enseignements et de partages.

De nombreuses banques ont été touchées par la pandémie de COVID-19, quelle est la situation à la CBC?

Je ne sais pas s’il y a une banque, pour rester dans le domaine bancaire, qui a été à l’abri des effets du COVID-19 étant entendu que nous évoluons dans un environnement globalisé où nous sommes interdépendants.

Pour le cas spécifique de la CBC, nos clients et partenaires ont diversement soufferts des effets de cette pandémie mais nous avons en interne et conformément aux prescriptions du régulateur, pris un certain nombre de mesures d’accompagnement compatibles avec le degré des difficultés de chacun. Le remboursement de crédit a été suspendu pour des clients qui éprouvaient des difficultés à y faire face du fait du tarissement des revenus lié au confinement. D’autres engagements notamment pour ce qui concerne les secteurs fortement touchés comme l’hôtellerie, le transport aérien, les activités orientées à l’internationale, ont obtenu des restructurations. Les heures de fermeture des guichets ont connu de légers réaménagements pour tenir compte du fait que nos propres ressources humaines peu disponibles en raison du confinement (seuls 30% de l’effectifs était opérationnel) n’étaient pas en nombre suffisant pour permettre une agilité suffisante face au traitement des opérations de la clientèle. Il s’en suivait, de longues files d’attente avec cependant l’obligation de servir tout le monde avant la fermeture des guichets.

Dans le cadre des mesures barrières, des espaces protégés contre les intempéries ont été aménagés devant nos agences pour permettre aux clients d’attendre leur tour de service dans de meilleures conditions vu que les guichets ne pouvaient accueillir qu’un nombre limité de personnes pour respecter les distanciations physiques. Evidemment, des gels hydro alcooliques, les thermo flash, sont en permanence disponibles aussi bien pour le personnel que pour la clientèle. Des portiques de désinfection ont été installés à l’entrée de certaines de nos agences.

▪ Les relations entre la CBC et l’Etat du Cameroun se sont bien déroulées. Comment l’État a-t-il contribué au succès de la CBC?

Comme je l’ai dit plus haut, l’Etat est un acteur majeur de l’échiquier économique national. A la lumière des différentes crises qui se sont succédées un peu partout dans le monde ces dernières années, ce rôle a été de plus en plus affirmé comme vous avez certainement dû le suivre dans les médias internationaux.

S’agissant de la CBC, vous savez que c’est l’Etat qui a renfloué les caisses, évitant ainsi à la banque une liquidation certaine lors de l’Administration Provisoire. Cette hypothèse tragique aurait mis au chômage près de 300 personnes sans compter les autres effets induits.

De quelles manières le gouvernement peut-il aider les banques camerounaises à être plus compétitives lors de cette pandémie de COVID-19 ?

La COVID-19 a impacté négativement la vie économique dont les banques sont l’un des acteurs. Nous avons vu sous d’autres cieux, les interventions étatiques ambitieuses, allant des aides directes en trésorerie aux entreprises à la mise à disposition des lignes de garantie permettant aux PME de s’endetter auprès des banques. Bien d’autres actions l’ont été aussi en faveur des ménages sur lesquelles nous ne reviendrons pas. S’agissant plus spécifiquement des actions en faveur des banques, les autorités monétaires ont allégé certaines des ratios prudentiels afin de permettre aux banques de répondre plus efficacement aux besoins financiers à elles éprouvées par les opérateurs économiques.

Il faut par ailleurs noter que l’Institut d’Emission la BEAC a procédé le 4 juin dernier, à une injection de liquidité au marché monétaire de l’ordre de 250 milliards, ceci après une précédente opération du genre où le 19 mai elle portait une première injection de XAF 240 milliards à 500 milliards. Il s’agit là des moyens mis à la disposition des banques primaires que nous sommes pour que nous puissions intervenir plus facilement au soutien des efforts des opérateurs économiques face au COVID-19. Dans la même veine, plusieurs autres mesures ont été adoptées également au plan sous régional au rang desquels la baisse par la BEAC de 25 points de base le taux des appels d’offre, la révision à la baisse de 100 points de base du taux de facilité de prêt marginal pour ne citer que celles-là, des techniques très sophistiquées permettant aux banques d’emprunter à meilleurs marché pour le compte de leurs clients.

Vous avez compris que les mesures citées sont celle prises soit par la COBAC ou la BEAC compte tenu de spécificité des banques dont l’activité est particulièrement règlementée par ces organes supra nationaux de supervision.

▪ Quels mécanismes de soutien ont été mis en place par la SRC pour accompagner les PME durant cette période économique difficile ?

La Société de Recouvrement du Cameroun en abrégé SRC est une institution publique qui a pour rôle, comme son nom l’indique, le recouvrement les créances compromises du portefeuille de l’Etat. Ce rôle est mis en branle que lorsque l’Etat dans le cadre de son devoir d’assurer l’ordre public, prend en son compte les engagements compromis de certaines sociétés mise en liquidation et se charge de les recouvrer pour rembourser l’épargne publique de ces sociétés liquidées. Pour le cas du COVID-19, et compte tenu du rôle ci-avant rappelé de cette institution, je ne vois pas de quelle manière celle-ci devrait intervenir dans la crise sanitaire actuelle.

NB: Des questions de suivi peuvent apparaître au fur et à mesure de l’entretien.

Clement Kemayou_Directeur Régional _littoral et Sud-Ouest de la CBC

Merci beaucoup pour votre disponibilité, M. Kemayou.

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