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Cameroun : des mares artificielles pour contrer les effets de la sécheresse

Dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, la saison sèche commence à faire son effet. Pour atténuer les peines des populations, neuf communautés rurales ont été choisies pour bénéficier de la construction de points d’eau, qui permettent déjà d’abreuver Hommes et bêtes.

C’est un peu la période de vache maigre pour le bétail de la région de l’Extrême-Nord en ce moment. Depuis le mois de janvier, la saison sèche fait rage. Les températures avoisinent les 38°C.  L’herbe s’est asséchée. Les rivières ont tari et les points d’eau se raréfient un peu plus chaque jour. En avril prochain, la chaleur pourrait atteindre les 42°C, selon les prévisions météorologiques.

Pour la partie de la population abonnée à la compagnie camerounaise de distribution d’eau (Camwater), cette situation préoccupe. Mais, pas autant que celle qui s’approvisionne essentiellement dans des puits et rivières, notamment en zone rurale.  Le problème se pose surtout à cause des bêtes à nourrir et à abreuver. Il faut parfois parcourir plusieurs kilomètres pour satisfaire les besoins hydriques du bétail, particulièrement sollicité pour des activités agricoles.

A Baba-Deli, dans la commune de Mogodé, c’est un cliché qui relève du passé. « Il y a quelques années, les éleveurs étaient obligés d’aller à Garoua ou ailleurs pour abreuver leurs bêtes », reconnaît Gilbert Yama, le maire fraîchement réélu dans cette circonscription. Aujourd’hui, Baba-Deli accueille des bergers des treize villages environnants. Ils viennent profiter de la mare artificielle construite ici par le Programme national de développement participatif à travers le Fonds fiduciaire d’urgence de l’Union européenne (FFU) délégué à l’Agence française de développement.

 L’infrastructure est dotée d’un forage d’une profondeur de 37,5m et d’un débit de 4,93m3/h. Celui-ci parvient à pomper l’eau jusqu’au château d’eau- d’une capacité de 20m3- grâce à une installation à énergie solaire. C’est ce château qui irrigue l’eau vers les différents bacs destinés à l’abreuvage du petit et du gros bétail.

Le second volet de l‘infrastructure, c’est la mare en elle-même. Conçue pour recueillir et stocker les eaux de pluie, elle conserve un volume 10.000m3 d’eau. Une capacité de stockage qui parvient à abreuver les bêtes pendant une durée minimale de six mois sur les huit que compte la saison sèche dans cette région.

50 francs CFA/tête/mois

La mare artificielle de Baba-Deli a créé une nouvelle dynamique dans le village. En effet, un comité de gestion a été mis sur pied pour l’entretien de cette infrastructure qui touche environ 13 villages de la commune et ses environs. 125 éleveurs possédant un total de 3.300 têtes abreuvent désormais leurs bêtes à Baba-Deli. Selon François Daouaré, le président du comité de gestion de la mare artificielle, chaque jour, environ 1.500 bêtes y consomment leur ration quotidienne d’eau avant 10h. Ces sollicitations ont un impact économique sur le petit village. En effet, chaque berger doit verser 50 francs CFA par mois par tête. Cet argent permet de payer les frais de gardiennage de l’ouvrage et de constituer un fonds de roulement pour les membres du comité de gestion de la mare artificielle de cette localité du Mayo-Tsanaga.

Un forage a également été aménagé pour permettre aux populations de s’approvisionner en eau potable. Ici, c’est aux femmes et aux enfants que reviennent les corvées d’eau. Avant ce point d’approvisionnement, ils devaient parcourir des kilomètres pour s’acquitter de cette tâche. Désormais, l’eau est à leur portée.

 Sans eau, c’est la catastrophe !

La construction de la mare de Baba-Deli serait un non-événement si l’abreuvage du bétail était sans impact. En effet, la sécheresse dans la région de l’Extrême-Nord pousse les bergers à conduire leurs bêtes là où se trouve l’eau, même si cela implique de marcher plusieurs centaines de kilomètres. Parfois, cette quête d’eau fatigue les animaux. Pour ne pas les laisser mourir de soif, les pasteurs sont contraints de les brader auprès des bouchers qui pratiquent de la spéculation. Résultat, en ce moment à Maroua, le kilogramme de viande de bœuf, par exemple, est vendu entre 1.800 F. Cfa et 2.500 F. Cfa. Or, en saison pluvieuse, les prix chutent. Pour la même valeur, le prix de la denrée oscille entre 1.500 F.Cfa et 2.200 F.Cfa. Un gap qui peut sembler insignifiant. Mais, pour certains restaurateurs, par exemple, ces variations de prix impactent clairement sur les revenus.

D’un autre point de vue, en milieu rural, les populations de l’Extrême-Nord ont un rapport particulier avec les bovins et les ânes. Ces animaux font partie du dispositif de labourage. Aussi, elles doivent maintenir ces bêtes en bonne santé, car elles vivent essentiellement de leurs récoltes. Les bœufs mal nourris sont plus fragiles et donc, plus sensibles aux maladies. Et sans eau, c’est la catastrophe !

Les besoins en eau des bœufs notamment, varient en fonction de différents paramètres. En saison pluvieuse, par exemple, l’herbe est hydratée. Ainsi, les bêtes pourvoient partiellement à leurs besoins  en eau en broutant. Ce n’est pas le cas en saison sèche. Les bergers sont alors obligés de se rabattre sur les rivières et autres points d’eau pour l’abreuvage. L’on estime qu’un bœuf a besoin d’un minimum de 20 litres d’eau par jour pour atteindre un poids moyen de 200 kilogrammes au bout de trois ans.

Plus de 4.200 emplois créés

La joie des populations de Baba-Deli est partagée par différentes autres communautés de la région de l’Extrême-Nord. En effet, neuf villages au total ont été dotés d’une mare artificielle devant permettre l’abreuvage des bêtes et d’un forage destiné aux populations. Il s’agit notamment de Doga Maoundé (commune de Maroua 2ème), Maldi (commune de Yagoua), Ngassa (commune de Dargala), Gawel (commune de Ndoukoula), Marvak (commune de Bogo).

En rappel, la construction de ces mares artificielles fait partie d’une opération spécifique du PNDP baptisée HIMO/FFU. Celle-ci a été réalisée via l’approche Haute intensité de main d’œuvre (HIMO) et a permis de mobiliser plus de 4249 jeunes de 20 communes pour la construction de trois types d’infrastructures : mares artificielles, magasin de stockage et pistes aménagées ou réhabilitées devant faciliter la mobilité des biens et des personnes.

Irène Fernande EKOUTA

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