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Migrations climatiques : au moins 21 millions de personnes touchées par an

En 2018, la Banque mondiale estimait d’ailleurs que l’aggravation des changements climatiques pourrait pousser plus de 140 millions de personnes à migrer à l’intérieur de leur propre pays d’ici 2050.

La sensibilisation sur la préservation de la couche d’ozone dure depuis plusieurs années. Elle n’a malheureusement pas arrêté l’action pernicieuse de la dégradation de l’environnement, qui conduit aujourd’hui aux changements climatiques dans différents points du globe terrestre.

Plusieurs pays sont touchés par le dérèglement des saisons et ses effets sur le quotidien des populations. Mame Diarra Diop, journaliste malienne, vient de participer au 3ème Forum du Réseau des femmes journalistes d’Afrique « Les Panafricaines » à Casablanca, dont les travaux ont  justement porté sur l’urgence climatique. Elle décrit la réalité actuelle de son pays : « Le Mali est un pays sahélien et donc au cœur de l’urgence climatique. Chaque année, mon pays est touché par le réchauffement climatique. Chaque année, les températures deviennent plus chaudes. Les saisons sont mélangées. Cela a une incidence directe sur le quotidien des maliens, notamment sur les agriculteurs. La sécheresse pousse au phénomène des migrations et entraîne les conflits autour des terres. Plus loin dans la chaîne, on arrive à l’insécurité alimentaire ».

L’expérience du Mali est partagée par le Gabon. Selon Raïssa Laure Medza, journaliste gabonaise également invitée au 3ème Forum des Panafricaines, certains phénomènes surviennent depuis quelques années dans son pays en raison des changements climatiques. « Le Gabon n’est pas épargné par les conséquences des changements climatiques. Nous avons connu le phénomène d’érosion dans trois régions l’année dernière. On assiste aujourd’hui à des inondations. Plus personne n’est à l’abri. L’urgence climatique concerne tous les pays », soutient Raïssa Laure Medza.

Renforcer la sensibilisation

L’Afrique est le continent le plus affecté par les changements climatiques. Selon les Nations Unies, sur les 10 pays qui en souffriront le plus dans les prochaines années, 7 sont situés en Afrique (Sierra Leone, Sud-Soudan, Nigeria, Tchad, Ethiopie, Centrafrique et Erythrée). Cette situation va accentuer le phénomène des migrations climatiques. La Banque mondiale estime que d’ici 2050, 140 millions de personnes pourraient migrer à l’intérieur de leurs pays en raison des changements climatiques.  Les catastrophes liées au climat, elles, touchent déjà entre 21 et 24 millions de personnes par an, selon l’Organisation internationale des migrations (OIM).

Le problème ?  Certains Etats africains ne sont pas réellement préparés à toutes les conséquences que les changements climatiques pourraient entraîner dans quelques années, au niveau de la gestion des ressources hydriques, de l’agriculture durable, de l’impact sanitaire des changements climatiques, entre autres. C’est tout le sens de l’engagement des Panafricaines, pris à l’issue de leurs travaux, le 07 mars dernier. Pour cette année, les 300 femmes journalistes du réseau portent leur action sur la thématique : « Adaptation aux changements climatiques, les médias acteurs du changement ».

 L’idée est de renforcer la sensibilisation à travers leurs médias respectifs, afin de stimuler le débat public sur cette problématique. Offrir une visibilité au sujet pourrait inciter les décideurs à mettre l’accent sur l’adaptation aux changements climatiques dans les politiques publiques.

Les changements climatiques : une opportunité de développement ?

Arona Diedhiou, spécialiste du système climatique africain, a pris part au grand débat ayant marqué l’ouverture des travaux de la 3ème rencontre des Panafricaines, le 6 mars 2020 à Casablanca.  Il soutient qu’au-delà d’être une réelle menace, les changements climatiques sont une opportunité pour les Etats.  «Il y a des endroits où il y a beaucoup trop de pluies, beaucoup trop d’eau. Pourquoi ne pas imaginer des systèmes de rétention d’eau ? Ces eaux stockées seraient réutilisées pendant les saisons sèches pour prolonger tout ce qui a trait à l’agriculture, au maraîchage, entre autres. Il y a de réelles opportunités autour des changements climatiques. Plutôt que de se plaindre tout le temps, on pourrait capitaliser et créer une économie circulaire. Il y a toute une réflexion à mener autour de la question », développe l’expert.

Sur le plan énergétique, les changements climatiques offrent également des opportunités. « La demande en énergie électrique croît. Nos compagnies d’électricité n’arrivent plus à alimenter les ménages. Du coup, les populations subissent les coupures de courant. C’est en partie lié au fait qu’il fait de plus en plus chaud et les températures vont augmenter au fil des années. Pourquoi ne pas en profiter pour développer des sources d’énergie alternatives ? Ça va créer de l’emploi, favoriser l’accès à l’énergie pour tous, diversifier les sources d’approvisionnement et de fourniture d’énergie », soutient Arona Diedhiou.

Irène Fernande EKOUTA