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Sécurité alimentaire et emballages métalliques : un enjeu stratégique pour l’Afrique

Les conserves alimentaires en boîtes métalliques sont devenues un pilier de la consommation moderne en Afrique. Pratiques, accessibles et durables, elles sont présentes dans les marchés urbains comme dans les zones rurales, et constituent une solution précieuse face aux défis logistiques et climatiques du continent. Mais derrière leur apparente fiabilité, des risques sanitaires méconnus appellent à une vigilance accrue.

Emballages métalliques : une barrière… parfois poreuse

Des études menées par l’Université de Santiago de Compostela, en Espagne, en collaboration avec l’AESAN, ont mis en lumière un phénomène préoccupant : les revêtements internes des boîtes de conserve, censés protéger les aliments du métal, peuvent libérer des substances chimiques dans les aliments. Ce processus de migration est amplifié par :

  • La chaleur (réchauffage direct de la boîte)
  • La durée de stockage
  • La nature des aliments (les produits gras sont les plus concernés)

Des substances à risque : bisphénol A et dérivés

Parmi les composés identifiés, le bisphénol A (BPA) et ses dérivés (BADGE, cyclo-di-BADGE) sont particulièrement préoccupants. Ce sont des perturbateurs endocriniens qui peuvent :

  • Interférer avec le système hormonal
  • Favoriser le développement de maladies métaboliques (diabète, obésité)
  • Affecter la fertilité et le développement chez les enfants

Bien que l’Union européenne ait interdit le BPA dans les matériaux en contact avec les aliments, ces substances peuvent encore circuler dans les produits importés vers l’Afrique, faute de régulation harmonisée ou de contrôle rigoureux.

Pourquoi l’Afrique est particulièrement concernée

L’Afrique, et notamment les pays de la zone CEMAC, fait face à plusieurs défis :

  • Faiblesse des infrastructures de contrôle sanitaire
  • Dépendance aux importations alimentaires, souvent en conserve
  • Pratiques courantes à risque, comme le réchauffage direct des boîtes ou l’utilisation du liquide de couverture pour cuisiner

Ces facteurs augmentent l’exposition des populations aux substances migrantes, en particulier dans les zones rurales ou précaires.

Recommandations pour une consommation plus sûre

Pour limiter les risques, les consommateurs africains devraient :

  • Éviter de chauffer les conserves directement sur le feu
  • Ne pas utiliser les liquides contenus dans les boîtes (huile, sauce) pour assaisonner les plats
  • Privilégier les conserves au naturel (ex. : thon sans huile)

Les autorités sanitaires, quant à elles, doivent :

  • Renforcer les contrôles sur les matériaux d’emballage
  • Harmoniser les normes avec les standards internationaux
  • Sensibiliser les populations aux risques liés aux emballages

Une opportunité pour l’industrie africaine

Ce défi peut devenir un levier de développement industriel :

  • Encourager la production locale de conserves avec des matériaux sûrs
  • Stimuler la recherche sur les alternatives aux revêtements à base de BPA
  • Créer des labels de qualité pour les conserves africaines

Cela permettrait non seulement de protéger la santé publique, mais aussi de valoriser les produits locaux et de réduire la dépendance aux importations.

Vers une Afrique mieux informée et mieux protégée

La sécurité alimentaire ne se limite pas à la qualité des aliments : elle dépend aussi des matériaux qui les contiennent. En Afrique, une meilleure régulation, une sensibilisation accrue et une industrialisation responsable peuvent transformer ce défi en opportunité. Pour les consommateurs, les producteurs et les décideurs, il est temps d’agir pour une alimentation plus sûre, plus saine et plus souveraine.